Un roman tout en finesse avec une idée de départ très originale, à savourer sans avoir peur d'être triste.
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L'histoire
En Angleterre, au début des années 70, deux secondes vont être ajoutées au temps pour faire coïncider l'heure officielle avec la rotation de la terre. L'histoire est un récit croisé de deux existences : celle d'un enfant, Byron, dont la vie est bouleversée par ses deux secondes supplémentaires, et celle de Jim, qui tente de reprendre sa vie après des années d'internement psychiatrique.
Mon avis
Ce livre a été choisi au hasard des rayons. J'ai été attirée par le titre et la quatrième de couverture. L'idée d'affronter cette notion du temps qu'on ajoute, qu'on créé, m'a séduite. J'étais curieuse de découvrir l'histoire qui peut en surgir. C'était comme un appel, une aspiration. J'ai été assez surprise de ce que j'ai découvert durant cette lecture. Je m'attendais à quelque chose à la limite du fantastique alors que j'y ai fait au contraire une descente dans le réel, une plongée dans la réalité nue voire dans la confusion des actes quotidiens. Les deux histoires et les deux personnages principaux se complètent bien, même si la fin n'est pas fondamentalement étonnante. Les sentiments qui se dégagent de la lecture de ce livre sont un peu troublants, entre tristesse absolue et espoir rassurant. Pour moi, la tristesse a primé et elle m'a paru immense : le temps qui passe, les événements qui bouleversent et dirigent un destin, l'innocence des êtres purs, la futilité des détails d'une existence qui en deviennent des fondements, le hasard de certains agissements et les mauvaises interprétations des autres, la culpabilité et ses liens avec la fatalité, l'importance extrême de chacune de nos actions et de nos pensées... A tout cela s'ajoute aussi l'espoir, la permanence des sentiments, leur réalité concrète et rassurante. Je recommande cette lecture à savourer sans avoir peur d'être triste.
Extraits
« Se souvenir du passé revient à voyager dans un lieu où on est déjà venu et découvrir que tout a été retiré, effacé. » p.109
« […] il m'a emmené au bord d'un lac et m'a jeté dedans. Les survivants nagent ! M'a-t-il asséné. » p.278
« C'est stupéfiant parfois, de regarder quelque chose en sachant que çà pourrait signifier autre chose si on changeait de perspective. La vérité est imprécise, se souvient-il soudain ». p.314
« Il se dit qu'il aimerait tant avoir dans sa vie son rire, sa façon de voir les choses, et il se demande si c'est ce que les gens recherchent chez un partenaire ou un ami : la part d'eux qui leur manque ». p.334
« C'est en effet une bien minuscule information, qu'Eileen préfère le givre à la neige, mais il comprend que ce sont les petites choses qui en construisent de grandes. De plus les grandes choses, dans la vie, ne se présentent pas comme telles. Elles se manifestent dans les moments calmes, ordinaires – un coup de téléphone, une lettre. Elles arrivent quand on ne les cherche pas, sans indice, sans s'annoncer, et c'est pour cette raison qu'elles nous déconcertent. Çà peut prendre une vie, une longue vie, d'accepter que les choses soient si étranges, qu'un petit instant puisse en côtoyer un grand, pour finalement se fondre en un même instant. » p. 335
Note : 4/5
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Editions Albin Michel, Le livre de Poche
Août 2016
480 pages
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