Une belle réussite.
L'histoire
Le narrateur a le don très particulier de « voir à travers les visages et percevoir autour de chacun les êtres minuscules – souvenirs, anges ou démons – qui le motivent ou le hantent. » Il est présenté tantôt comme un fou, tantôt comme un idiot... est-ce au contraire un sage ? Les événements vont le mener à tenter de comprendre ce qui fait l'homme à travers cette réflexion riche et intense, quasi métaphysique, sur la violence et l'au-delà.
Mon avis
L'idée est passionnante et le style d'écriture d'Eric-Emmanuel Schmitt fait de ce livre une belle réussite. Surprenante et attirante.
Les personnages sont attachants et on les rencontre grâce à des portraits tout en finesse. Une mention spéciale pour la Juge Poitrenot. Certaines scènes pourraient paraître complètement loufoques mais le sens profond et réel des messages qui y sont véhiculés crédibilisent la démarche et la réflexion d'ensemble. Certes, beaucoup de thèmes sont abordés et certains mériteraient d'être approfondis : le fait que les vivants soient accompagnés par des esprits ayant existé et qui les gouverneraient, le libre-arbitre, le sens du sacré, l'existence de la violence... mais l'auteur ne prétend par apporter de réponses et cette humilité fait aussi de ce roman une réussite. On échappe aussi à un récit trop métaphysique par une mise en scène presque scénarisée, au moins théâtralisée. Et la lecture peut ainsi se faire à plusieurs niveaux. J'ai finalement adoré cette lecture.
Extrait
« Je regrette le Dieu de mon athéisme. Le Dieu auquel je ne croyais pas, bon, généreux, affectueux, incarnait le meilleur de l'homme. Le Dieu auquel les convulsions de la réalité me contraignent à prêter attention est injuste, partial, agressif. Qu'ai-je gagné à la rencontrer ? Rien. Sauf si le malaise, la prostration, l'effarement, l'oppression, l'angoisse constituent des progrès. » p.166
Note : 4/5
Editions Albin Michel Parution le 1 septembre 2016
432 pages
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